Blabla – Aromantisme et asexualité : la parole aux concerné(e)s

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Parler d’aromantisme et d’asexualité ici c’est bien, mais montrer la diversité des profils c’est encore mieux : après avoir parlé de moi pendant des mois, je te propose des témoignages de personnes qui se situent sur le spectre de l’aromantisme et/ou de l’asexualité. Un article qui, j’espère, permettra de montrer notre diversité et de parler de sujets pas forcément abordés ailleurs ! Je te laisse le lien de mon premier article sur le sujet ici, et ici un article avec des romans sur le sujet.

TW : viol, masturbation, sexe.

Ayant reçu pas mal de retours suite à mon appel à témoignages, j’ai essayé d’organiser ça le mieux possible avec les questions que j’ai posées. Ensuite viendront le textes qu’une personne m’a envoyé ! Les réponses ont été anonymisées pour certaines personnes qui me l’ont demandé.
Cet article risque donc d’être un peu BEAUCOUP long, prépare-toi un truc à grignoter et un p’tit thé.

PS : j’ai dû enlever des morceaux des témoignages sinon l’article aurait fait 18 pages.

  1. Quelle est ta définition d’aromantique, asexuel, demi… du mot qui te définit, en fait ? 
  • Camille (@thereaderscurse) : Je suis aro/ace et ma définition est une absence de sentiments romantiques et une absence d’attraction sexuelle. Et je suis une sex-repulsed asexuelle donc je ne veux même pas avoir de relations sexuelles (et je compte dedans les baisers, les relations…).

 

  • Elaine V. Ker (twitter): Je me définis comme aro ace. Pour moi, aromantique, c’est le fait de ne pas me reconnaître dans la romance telle que définie par les normes sociétales. Techniquement, je suis aegosexuelle, c’est-à-dire que je suis attirée par l’idée de rapports sexuels tant que ça reste fictif ou théorique, mais dans la vraie vie, ça ne m’attire pas du tout… et comme finalement, c’est la vraie vie qui compte à mes yeux, j’utilise asexuelle 😉

 

  • Maeva (@axelleclockers) : Je me définie comme panromantique asexuelle, donc même si je peux ressentir des sentiments pour n’importe qui, peu importe son sexe ou genre, je ne ressens aucune attraction sexuelle, ni aucun désir pour personne.

 

  • Olivier : Je me définis asexuel hétéro-romantique. Cela signifie que je n’ai pas d’attirance sexuelle pour qui que ce soit, mais que je peux ressentir une attirance romantique (sentiment amoureux) pour des personnes du genre féminin.

 

  • Agathe (@mango_mango_no_mi) : Je dirais que je suis aromantique et asexuelle car je ne ressens ni le besoin, ne l’envie d’être en couple avec quelqu’un, ou d’avoir des rapports sexuels avec quelqu’un.

 

  • Yuchan : Je n’ai pas d’attirance physique pour qui que ce soit (d’ailleurs, j’ai du mal avec la notion de beauté, si je ne connais rien d’une personne, je suis complètement neutre sur le physique d’autrui, mais je sais pas si c’est l’asexualité ou autre chose dont je ne veux pas parler ici). Je n’ai aucun désir sexuel (ça m’écoeure même d’ailleurs).

 

  • Aislinn T. Lawson (twitter) : Je suis demiromantique et demisexuelle. En fait, je me situe plus du côté des aroace que des greysexuels. Pour moi, être demiaroace, c’est ne pas ressentir d’attirance romantique ou sexuelle en temps normal. Sauf si je crée un lien avec une personne, mais pas n’importe quel genre de lien. Il faut vraiment que ce soit un gros lien affectif. Il n’y a qu’à ce moment-là que je peux ressentir de l’attirance (romantique ou sexuelle) vis-à-vis de cette personne.

 

  1. Comment as-tu découvert ces termes ? Est-ce qu’ils ont été un déclic pour toi, ou est-ce que les choses ont pris plus de temps ?
  • Camille  : J’ai découvert ces mots grâce à un livre et à internet. Je lisais The Mortal Instruments et sur le Tumblr de l’autrice elle a écrit que mon personnage préféré était aromantique et asexuel. Curieuse, j’ai fait des recherches et quand j’ai appris la définition, ça a fait un déclic mais c’était quand même compliqué. J’ai mis du temps à analyser mes sentiments et puis j’ai eu une période de plusieurs mois où je savais que je ne pouvais plus être dans la catégorie hétéro mais je ne me m’étais pas non plus dans la catégorie LGBTQIAP+, c’était bizarre car je me sentais très seule, je me comptais dans aucune communauté.
    Maintenant, ça va mieux. Je suis fière et je célèbre Pride Month et je me compte maintenant dans la communauté LGBTQIAP+ mais il y a des hauts et des bas.

 

  • Elaine V. Ker : J’avais pas mal d’ami-es LGBTI+ alors je me renseignais et je connaissais les termes aro ou ace sans qu’ils ne me parlent. J’ai lu Comment se comporter comme une Personne Normale de T.J. Klune sans que ça « réveille » quoi que ce soit en moi… j’avais encore cette idée préconçue que l’asexualité, c’était être dégouté ou repoussé par le sexe, et comme personnellement, j’aimais bien tant que c’était théorique, eh ben… ça ne me parlait pas du tout.Puis je me suis dit que j’allais être une « bonne alliée » et ajouter un personnage ace dans un de mes romans. Pour faire les choses bien, j’ai lu des témoignages… ça a été le déclic, j’ai eu l’impression de lire mes pensées. Ça a vraiment été une prise de conscience immédiate devant ces témoignages… et d’ailleurs, ce qui m’a choquée, ce n’était pas de découvrir que je n’étais pas attirée sexuellement par des personnes, ça, je le savais déjà. Ça a été de découvrir que la plupart des gens étaient attirés sexuellement. Je pensais que tout le monde était comme moi !
    Découvrir mon asexualité m’a fait réfléchir sur mes attirances romantiques. Ça, ça n’a pas été immédiat, je me suis posé beaucoup de questions, j’ai déconstruit l’idéal de romance qui m’avait été imposé. A force de livres, de films, de pubs, je pensais que pour être heureuse, il fallait que je sois amoureuse. Je voulais être heureuse, donc je voulais être amoureuse… Ça m’a pris environ six mois de réfléchir à ce que je souhaitais vraiment sous toutes ces normes imposées, à qui m’attirait, et j’ai fini par conclure que j’étais aro.

 

  • Malaurie (@heroines_yo) : J’ai découvert le terme « asexualité » pour la première fois sur Youtube. C’était une courte vidéo d’une asexuelle qui expliquait ce qu’était cette orientation sexuelle. Pour être honnête, ce serait génial de dire que la découverte de ce mot a été un déclic immédiat et a complètement changé ma vie, mais ce n’est pas vraiment le cas. Pas au début, en tout cas. Parce que, au début, le terme ne me convenait pas du tout. Je ne me retrouvais pas dans la définition basique et froide de Wikipédia. Mais avec du recul, je pense que c’était un rejet de ma part : je refusais de m’admettre « différente » de la norme hétérosexuelle. Cependant, petit à petit, j’ai fait plus de recherches. J’ai lu des témoignages de personnes asexuelles, et là, ça a été un déclic. Je me retrouvais dans leurs expériences et leurs doutes, et je l’ai compris : je suis asexuelle. Ça a été un soulagement énorme : enfin, je comprenais pourquoi j’étais comme j’étais. Ensuite, j’ai découvert qu’il y avait d’autres asexuels, donc plein d’autres personnes comme moi, et ça m’a permis de pleinement m’accepter et de comprendre que je n’étais pas  « bizarre ».

 

  • Maeva : J’ai découvert ces termes en me renseignant sur la communauté LGBTQ+ en général, je voulais comprendre tous ces termes que je ne comprenais pas à l’époque. C’est donc un gros hasard et pourtant je ne me suis pas reconnue dans la définition pendant longtemps. J’ai eu une grosse période de déni où je me trouvais toutes les raisons du monde pour ne pas m’identifier asexuelle. Puis j’ai lu Summer Bird Blue et ce terme a réellement pris son sens, je me suis beaucoup reconnue dans ce livre et la façon dont l’auteure l’a décrit m’a énormément aidé à m’accepter.

 

  • Anonyme 1 : Ça faisait 3 ans que je me questionnais sur mon « problème » (je voyais vraiment ça comme ça) et il y a quelques semaines, lors de la première journée française de visibilité Ace, je suis tombée sur un thread qui expliquait ce que c’était et ça a été une révélation !

 

  • Olivier : J’ai découvert ces termes à 29 ans. J’ai fait une recherche pour comprendre mon identité à la suite d’un événement particulier. J’ai d’abord pensé à un problème physiologique mais je me suis rendu compte que ce n’était pas ça. Puis en continuant mes recherches je suis tombé sur ce terme et ça a de suite été une révélation. Je me souviens d’ailleurs très précisément de ce moment tellement ce fut un choc. J’ai quand même regardé plusieurs témoignages de personnes ace pour être sûr de cela mais, plus j’en lisais plus ça me confortait dans l’idée que j’étais asexuel.

 

  • Lau (@lau_se_livre) : Je suis asexuelle et en questionnement sur mon attirance romantique. Je ne me souviens plus comment j’ai découvert le terme asexualité et tout ce que ça recouvrait, mais ça a fait suite à un évènement qui a créé chez moi un besoin viscéral de trouver des réponses sur ce que je ressentais… ou plutôt ne ressentait pas ! Ce que je trouve important de préciser c’est qu’avant ça, je n’étais pas du tout en questionnement. C’est cet évènement-là, qui a mis en évidence mon incapacité à ressentir le même désir que la personne en face de moi, qui m’a fait comprendre que je sortais de la « norme », que je n’étais pas comme tout le monde. C’est inconfortable de se sentir anormale, cassée du dedans, incomplète même. Et comme je ne supportais pas de ressentir ça j’ai vite trouvé le terme asexualité et là « pouf ! », pas de déclic, pas de feux d’artifice, ni de tours de stade portée par une foule en délire avec de grandes envolées lyriques en fond sonore, juste un sentiment de satisfaction tranquille, « oui, ça me correspond ». Tout s’est apaisé d’un coup.
    Je sais qu’il y a des grosses discussions sur la notion d’étiquette/label, le fait que se mettre dans une case ne soit pas une obligation mais moi ça m’a fait grand bien. De savoir que je n’étais pas seule et qu’il y avait un mot pour décrire ce que j’étais, ce que je ressentais. Ça n’empêche pas les cases d’être flexibles.

 

  • Camille : Je les ai découverts au détour du net en m’abonnant à une newsletter féministe / progressiste et qui a conseillé la lecture d’un article en anglais intitulé « Under the Ace Umbrella ». C’était la première fois que j’allais sur le site de Asexuality Archive. Ca a été un vrai déclic qui m’a fait passer de plusieurs années de doutes et d’inquiétude à un minimum de tranquillité.

 

  1. Est-ce que tu doutes parfois de ton asexualité/aromantisme ?
  • Camille : Au début, oui. Enfin, je ne doutais pas vraiment de mon asexualité, ça a toujours été une évidence même quand je ne connaissais pas les mots. Mais pour mon aromantisme, ça arrivait. Je ne savais pas si c’était car « je n’avais pas rencontré le bon ». Mais maintenant, plus du tout.

 

  • Malaurie : Non, jamais. J’irais jusqu’à dire que, plus le temps passe, plus je suis convaincue par le fait d’être asexuelle.

 

  •  Olivier : Non jamais. A partir du moment où j’ai lu/vu quelques témoignages d’autres personnes asexuelles, c’est devenu comme une évidence pour moi.

 

  • Lau : J’ai des périodes de doute, oui. C’est pas constant parce que mon rapport à mon asexualité est assez… cool/serein ? Je veux dire, je sais que je suis asexuelle mais je n’y pense pas h24. C’est une part de moi mais ça ne me définit pas moi dans mon entièreté. Si je devais me présenter et me décrire, je ne commencerais pas par dire « Je suis Lau, je suis asexuelle ».
    Mais des fois, oui, le doute resurgit. « Peut-être que je suis pas asexuelle en fait ? Je me mens à moi-même. J’invente tout ça pour cacher mes insécurités, c’est un mot refuge, une case confortable, une bonne excuse… ». Et toi qui me lis : c’est okay de douter. T’as le droit de douter de toi, de ce que tu ressens. C’est les autres qui n’ont pas le droit de douter à ta place. C’est quand les autres doutent pour toi que ça devient dangereux. Même si ce sont des proches. Surtout si ce sont des proches.
    Et pour les allié.es et non-concerné.es qui liraient ceci : on a une conscience aiguë de notre statut marginal et on comprend souvent bien mieux qu’on ne le voudrait l’étendue du spectre asexuel et l’apparence mouvante que peut avoir notre orientation sexuelle. Peut-être que dans 5 ou 10 ans je relirais ces mots et me dirais « en fait, j’étais greysexuelle (ressentir de l’attirance sexuelle sous certaines conditions) mais je ne le savais pas encore ». Tous comme il y a 7 ans, je me pensais tout ce qu’il y a de plus hétéro.
    Notre sexualité et notre connaissance de nous-même se construisent au fil de nos vécus, de nos expériences. Et cela vaut pour moi comme pour vous.

 

  1. Quel est LE stéréotype sur les personnes du spectre que tu ne supportes plus ?
  • Camille : Il y en a beaucoup. Mais celui que je ne supporte plus = Les aromantiques n’ont pas de sentiments (on n’est pas des robots merci).

 

  • Malaurie : Oh, il y en a pleins, parce que malheureusement, l’asexualité est une orientation sexuelle peu connue, et entourée d’idées reçues, donc ça ne facilite pas la compréhension. Je crois que celui qui m’énerve le plus, c’est l’idée que « je suis asexuelle parce que… ». Je m’explique : il y a des personnes qui essayent d’expliquer l’asexualité (et je ne parle pas de scientifiques), par un dérèglement hormonal, ou encore par le fait que j’ai peut être été traumatisée dans mon enfance ou que j’ai été violée… Et je déteste ça, parce que tenter d’expliquer mon asexualité, c’est dire implicitement que quelque chose en moi est cassé, et donc, qu’il faut trouver la raison de ce dérèglement. Mais il n’y a pas de raison ; je suis née comme ça. Si une personne vous dit qu’elle est asexuelle, croyez là, écoutez là, posez des questions si vous ne comprenez pas tout, mais ne mettez pas votre casquette de psychiatre. C’est insupportable.

 

  • Maeva : Le stéréotype le plus insupportable et que j’entends beaucoup trop souvent, c’est que l’asexualité n’existe pas, « c’est parce que tu n’as pas encore trouvé le bon »… Ou comment dénigrer l’asexualité ET les couples non hétéros dans la même phrase, on est ravis !

 

  • Olivier : La phrase « non mais tu verras un jour ça va changer ». Ça sous-entend que l’asexualité et l’aromantisme ne sont pas des orientations valides. Les gens qui disent aux personnes homosexuelles « non mais tu verras un jour tu trouveras la bonne personne et tu te rendras compte qu’en fait t’es hétéro », on les catégorise comme homophobes, alors pourquoi doit-on accepter ce genre de réflexions quand on est asexuel.le/aromantique ?

 

  1. Est-ce que le fait d’être aro et/ou ace a une influence sur tes relations ? Des comportements différents, des choses qui te mettent mal à l’aise ou au contraire de facilités avec les autres ?
  • Camille : Non, ça n’a pas d’influence sur mes autres relations. Et ça rend les choses plus faciles car je peux être proche de quelqu’un et dire des choses sans qu’il y est une interprétation amoureuse ou sexuelle ou une certaine gêne.

 

  • Elaine V. Ker : J’ai souvent cette crainte que mes ami·es m’abandonnent en se mettant en couple, mais je ne crois pas qu’elle affecte mes relations plus que ça, car je ne les exprime pas. Je sais que de l’extérieur, certaines personnes ont l’impression que je suis « romantique » avec mes ami·es, dans le sens où je vais leur envoyer des cartes, leur fabriquer des cadeaux… personnellement je ne relie pas ça à mon aromantisme, mais d’autres personnes me l’ont fait remarquer.
    Après, pour moi, la romance est à distinguer du couple… je ne tomberai jamais amoureuse de qui que ce soit, mais tant que les autres sont au courant, l’idée d’être en « couple » me plait.
    Ce n’est pas quelque chose que je vais rechercher, mais ça m’est arrivé de tomber sur des personnes avec lesquelles  j’ai envie de discuter de notre relation, de poser nos limites mais aussi nos envies (ça pourrait être d’habiter ensemble, de s’embrasser, de se tenir la main dans la rue… ou au contraire, de ne pas s’écrire trop souvent pour ne pas se mettre de pression, de ne pas en parler autour de nous, de ne pas dormir ensemble… c’est comme on veut ! Et puis ça peut changer…). Mes sentiments sont amicaux et non romantiques, mais ça se rapproche aussi d’un couple car nos sentiments sont dits et il y a une forme d’organisation autour. Je ne sais pas si on peut parler de couple car ce n’est jamais exclusif (comme l’amitié), et je parle généralement de « relation discutée ».
    Je me définis d’ailleurs comme poly ou polyrelationnelle, et pour ces relations discutées, je suis attirée par les femmes et les personnes non-binaires. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que ces personnes soient aro ace elles-mêmes, tant qu’on se respecte et qu’on communique, mais jusqu’ici je n’ai eu de relations discutées qu’avec des personnes aro ace.

 

  • Malaurie : J’ai eu la chance d’avoir des amis formidables. Dans un premier temps, c’est à mes meilleures amies que j’ai parlé de mon asexualité. En fait, dès que j’ai su que j’étais asexuelle, je le leur ai dit. J’avais besoin d’en parler. Elles ont bien réagi, et elles connaissaient déjà plus ou moins ce que cela voulait dire. Ensuite, je l’ai dit à ma sœur et à ma mère, et elles ont bien réagi aussi. Je sens qu’il y a toujours quelques petites confusions au sujet de l’asexualité, mais je ne leur demande pas de tout connaître  sur le bout des doigts. Je souhaite juste que ma famille l’accepte et me laisse me définir comme je le veux. Et c’est ce qu’elle fait. Pour le reste, j’avoue que je ne le dis pas haut et fort. Déjà, parce que je n’en vois pas l’intérêt. Mais aussi parce que je sais que, si je parle de mon asexualité, une fois sur deux, je tomberais sur des gens qui ne comprennent pas, ou qui ont tellement d’idées reçues sur l’asexualité qu’ils vont remettre en question ce que je ressens… Et je n’ai pas envie d’entendre ça.

 

  • Agathe : Je pense que, du fait de mon aromantisme, j’accorde beaucoup plus d’attention à mes relations amicales. Quand je m’engage dans une relation amicale, je le fais pour que ça dure, et je pense que je vis mes amitiés plus ‘intensément’ que des personnes non aromantiques, qui gardent leur ‘intensité’ pour les relations de couple.

 

  1. Est-ce qu’en tant que personne sur le spectre, tu es dans une relation avec quelqu’un ? Cette personne est-elle aussi sur le spectre ? Si oui ou non, comment se passent les choses entre vous ?
  • Camille : J’étais une fois en « couple » quand j’étais jeune et ne connaissait pas les mots. Ça a duré une journée.
    Je me sentais mise à l’écart car je n’avais eu aucune relation comparée à mes « amies ». Je pensais avoir un crush sur le gars car c’était l’un des seuls qui était gentil avec moi. Mais en fait pas du tout. Je l’ai quitté le lendemain car je ne voulais pas l’embrasser DU TOUT. Et ça j’en étais sûre. Je n’ai donc jamais eu de premier baiser et aucune expérience sexuelle. Ça ne m’a jamais attirée et je suis contente de ne pas m’être forcée.

 

  • Olivier : Oui je suis actuellement en relation avec une personne qui est aussi sur le spectre de l’asexualité (plutôt demi-ace). Cette relation est un véritable soulagement pour l’un.e comme pour l’autre. Pour la première fois, nous ne ressentons aucune pression du partenaire concernant la sexualité. Je pense que nous sommes aussi naturellement très à l’écoute des besoins et des limites de l’autre, ne souhaitant pas faire vivre à l’autre la situation que nous avons nous-mêmes vécu à maintes reprises.

 

  • Aislinn : Mon compagnon n’est pas du tout sur le spectre aroace (je ne rougis pas en disant que c’est un homme hétéro cisgenre tel qu’on adore le dire pour mettre des étiquettes). Pour autant, il a très vite admis et accepté ma “différence”, même si nous n’avions pas pu poser de mots dessus au départ. Il prenait mon absence d’envie pour une baisse de libido. Maintenant, il comprend mieux et il accepte tout à fait que ce que je suis (on a quand même fêté nos six ans le 14 juin dernier).

 

  1. Comment les gens réagissent-ils quand tu leur dis que tu es sur le spectre aro/ace ? Ton entourage est-il au courant ? Quelle a été leur réaction quand tu leur as annoncé ? 
  • Camille : Je n’en parle pas beaucoup. Ma famille proche le sais car je n’ai jamais caché l’indifférence que j’avais pour le sexe et les relations mais ils ne connaissent pas les mots donc je pense qu’ils ne considèrent pas ça comme une orientation sexuelle.
    Pour ce qui est de mes amies, elles n’ont aucun problème avec ça et elles me respectent. Je me rappellerais toujours le moment où elles parlaient sexe et que l’une d’elles m’a dit « tu sauras ça quand tu le feras » puis tout de suite après elle s’est reprise et excusée. C’était la première fois que quelqu’un s’excusait pour ça et ça m’a vraiment mise plus en confiance.
    Mais j’ai eu une mauvaise expérience avec une personne que je pensais être ma pote. Quelques semaines après avoir découvert les noms, je lui en avais parlé et elle m’a sorti « j’espère vraiment que tu tomberas amoureuse car c’est le meilleur sentiment au monde » ça m’avait fait mal car je n’étais même pas encore en confiance et cette personne ne s’était jamais excusée à chaque fois qu’elle était offensante.

 

  • Elaine V. Ker : Je tiens à en parler, car je n’aime pas qu’on parte du principe que je suis zedromantique. Ma famille sait, mes ami·es savent pour la plupart, et même certain·es de mes collègues. Dans l’ensemble ça s’est bien passé, même s’il y a eu beaucoup d’incompréhension au début. J’ai eu droit aux questions intrusives (ça me gêne pas trop personnellement car je préfère avoir l’occasion de mettre les choses au clair), les « tu verras quand tu seras plus âgée et que tu trouveras le bon », le « heureusement que tu ne veux pas d’enfants » et le « ton style de vie ». J’ai coupé le contact avec les personnes dont je savais d’avance qu’elles « n’approuveraient pas ». Ce n’est jamais agréable mais je crois que je me suis résignée aux remarques ignorantes, et tant qu’on ne sous-entend pas qu’il y a quelque chose de cassé chez moi ou qu’il faut me corriger, j’estime que c’est bon. J’ai aussi la chance d’avoir toujours eu des ami·es aro ace, out ou non, qui m’ont soutenue.

 

  • Maeva : Tout le monde n’est pas au courant de mon asexualité, je pars du principe que c’est quelque chose qui ne concerne que moi et les personnes qui vont potentiellement partager mon intimité. En fait, le problème du coming out, c’est qu’on a cette idée qu’on a besoin de le faire une fois pour toute et c’est fini, mais en réalité, tu dois refaire ton coming out constamment, à chaque nouvelle personne qui rentre dans ta vie, et c’est franchement épuisant…Du coup, seules quelques personnes de mon entourage et que je considère assez ouvert d’esprit pour comprendre sont au courant.

 

  • Olivier : Mon entourage n’est pas au courant. Je n’exclus pas d’évoquer mon asexualité un jour à certain.e.s de mes ami.e.s, mais pour le moment je ne me sens pas encore totalement prêt à le faire. J’ai peur des réactions, certainement.

 

  • Lau : Ce que j’aime à rappeler c’est que le coming out n’est pas une obligation. On ne doit rien à personne. Notre intimité se partage à nos conditions et à celles de personne d’autre. C’est un choix. Ça doit être un choix conscient, de faire son coming-out ou de préférer le garder pour soi. Tu peux, genre, entrouvrir la porte du placard, si tu t’y sens bien dedans.
    Moi, par exemple, quand j’ai compris que j’étais ace, j’ai eu besoin de le dire, de le revendiquer pour voir ce que ça faisait de « se dire asexuelle » mais en cercle restreint. (Bon, avec ça, ça va peut-être changer un chouïa… D’ailleurs, comment on gère les susceptibilités des uns et des autres sur à qui j’ai (pas) fait mon coming out et pourquoi sans égard pour ma proximité avec elleux ?)
    J’ai fait mon CO a deux amies et ça a été positif, libérateur. Et ça m’a suffit. Et puis, des rencontres, des affinités, des confiances, des sujets de discussion ont fait que… quelques autres personnes sont dans la confidence. 

 

  1. Est-ce que suite à ton coming out, tu as eu l’impression d’être traité.e différemment par les autres ?
  • Camille : Je n’ai pas vraiment fait de coming out parce que je ne dois rien à personne, c’est leur problème si ils assument que je suis hétéro jusqu’à que je fasse une annonce. À chaque fois que j’en parlais, ça venait naturellement dans la conversation et donc je n’ai pas ressenti un quelconque changement.

 

  • Malaurie : Disons… oui et non. Globalement, rien n’a changé, et heureusement. Je ne veux pas être traitée différemment. Après, je me rends compte que je reçois moins de remarques du style « quand est-ce que tu vas nous  ramener quelqu’un ? » ou alors « oh mais ne t’inquiète pas, toi aussi, un jour, tu vas faire l’amour ! » (comme si ça m’intéressait), ce qui est assez libérateur, il faut le dire.
    Par contre, mes amies qui connaissent mon asexualité ne changent pas : on parle toujours amour et sexe ensemble, librement, par exemple. Bon, j’ai évidemment moins de choses à partager, mais j’écoute avec plaisir. Je ne veux pas que l’on pense qu’être asexuelle signifie « ne pas vouloir entendre parler de sexe ». Ce qui me dérange, c’est quand on me met la pression pour que je couche avec quelqu’un, ou lorsque l’on dit que tout le monde aime le sexe, ce qui arrivait de temps en temps quand j’étais au collège/lycée.

 

  1. Comment vis-tu ton orientation ? Est-ce que ta différence te saute aux yeux, tu la ressens comme un fardeau ou quelque chose que tu assumes totalement ?
  • Camille : Maintenant, je le vis plutôt bien. Il y a des hauts et des bas. Il y a des jours où je veux en parler tout le temps, éduquer les gens et je suis fière de l’être. Et d’autres jours où je ne veux pas du tout en parler. Je le vis pas comme un fardeau au contraire, je trouve que ça m’enlève des problèmes (de couple…) et puis c’est qui je suis et j’ai fini par vraiment bien l’accepter.

 

  • Elaine V. Ker : Je ressens mon identité comme quelque chose de constant. Bien sûr, au moment où je m’interrogeais, où j’apprenais à l’accepter, c’était au centre de mes pensées, ça remplissait ma vie. Mais même maintenant que je suis sûre de moi, cette part de mon identité est toujours là.

    Parfois on m’encourage à ne pas me « réduire » à ça, mais le fait est que je suis aro ace, tout comme je suis écrivaine, et c’est quelque chose qui m’accompagne à chaque minute de ma vie. Ça ne veut pas dire que j’y pense tout le temps, mais que ça va jouer dans mes décisions. Je vais tiquer en entendant ou lisant des choses qui invitent à penser que les rapports sexuels nous définissent, je vais écouter avec passion et curiosité les gens qui partagent leur expérience romantique ou sexuelle (je trouve ça fascinant), je vais comprendre avec retardement que quelqu’un s’est intéressé à moi. De façon générale, je sais que j’ai un rapport au corps et à la nudité très différent de mon entourage, et il faut que je me force à me rappeler que tout le monde n’est pas comme moi sur ce point. Je vais éviter le contact de personnes qui sous-entendent qu’il faut nous médicaliser…
    Et je me pose des questions de façon régulière sur mes sentiments, je les analyse, et surtout, je m’interroge sur mon avenir. J’ai beaucoup de mal à me projeter. On nous montre tellement cette image de la célibataire cinquantenaire aigrie que, même si c’est ce que je souhaite, je n’arrive pas à m’imaginer à la fois célibataire, vieille, et heureuse. Or, l’imagination est au cœur de ma vie, je rêvasse très souvent… Ça laisse une sorte de vide toujours présent, j’ai envie de me projeter, je n’y arrive pas de façon satisfaisante, je réfléchis, je me construits des alternatives… mais comme je les invente toute seule, elles ne sont pas très présentes dans mon imaginaire, moins en tout cas que la vieille tante aigrie.

 

  • Malaurie : Globalement, c’est très positif : le fait de savoir que je suis asexuelle m’a « libérée ». Je me comprends mieux, et je m’accepte plus. Aussi, je vois bien mieux les différences entre moi qui suis asexuelle et les autres. Le truc, c’est qu’avant de comprendre que j’étais asexuelle, ces différences me faisaient… peur, on peut dire. Je me disais que c’était étrange de ne pas être aussi emballée que les autres par le sexe, ou de n’avoir jamais trouvé quelqu’un… sexuellement excitant/attirant. Ce décalage entre moi et les autres me perturbaient, mais à présent, comme je sais que je suis asexuelle, ces différences ne me font plus peur.

 

  •  Maeva : Pour être complètement honnête, je vis assez mal mon asexualité par rapport à ma vie amoureuse, j’aimerais pouvoir foncer dans une relation sans me poser de question et ne jamais sentir que je serais et ne donnerais jamais assez à cette personne pour qu’iel soit heureux.se dans cette relation.

 

  • Olivier : Je ne ressens pas mon asexualité comme un fardeau depuis que je me suis identifié comme tel. Ce qui était un fardeau, c’était de croire que ma différence n’était pas valide. De savoir qu’il y a un terme qui me correspond et de voir que d’autres personnes sont comme moi a permis de me soulager de ce fardeau. C’est pour ça que la visibilité ace et aro est importante. Pour ce qui est d’assumer, je l’assume dans mon intimité et dans mon couple. Je ne fais pas de coming out, mais c’est pour moi + une question de se protéger que de ne pas s’assumer.

 

  • Agathe : Je le vis plutôt bien ! Pouvoir mettre des mots sur mes sentiments m’a fait un bien fou ! J’ai eu l’impression de découvrir une grosse partie de moi en m’associant à ces mots. Et je les assume totalement !

 

  • Anonyme 2 : J’en ai souvent honte. J’ai encore l’impression que quelque chose cloche chez moi, que si je rencontre quelqu’un on va se moquer de moi ou que personne ne voudra jamais perdre son temps avec quelqu’un comme moi. J’ai encore du mal à l’assumer, d’autant plus à en parler.

 

  • Yuchan : C’est un peu embêtant parfois, parce que j’ai pas envie de me prendre la tête avec la question du sexe, mais j’ai envie d’être en couple. Pendant longtemps j’ai cru qu’on ne pouvait pas être en couple sans relation sexuelle, grâce à la communauté ace, je sais que ce n’est pas vrai, mais il y a toujours cette arrière pensée qui me dit que c’est pas possible.
    J’assume totalement qui je suis, mais des fois je me dis que ça serait plus simple si je l’étais pas.

 

  • P : Ça c’est un très grand sujet sur lequel il y a surement mille choses à dire. Je l’ai très mal vécu. Un fardeau. Oui la différence saute aux yeux. Je me suis sentie (en tant que potentielle ace) comme une paria, bizarre, honteuse, pas normale, en retard, etc. Je n’en ai jamais rien dit à personne. Je faisais genre je savais de quoi les autres parlais, je me faisais invisible pour pas répondre mais ce malaise constant… Je le vis toujours mal mais j’ai commencé en m’éduquant sur le sujet à déconstruire un peu tout ce qu’on nous a mis dans la tête depuis petits. Même si je comprends que c’est totalement valide et normal d’être ace, de ne pas vouloir, de ne pas avoir envie, je sens toujours cette énorme pression des gens, de la société. Les critiques, le jugement. J’espère que plus le temps passera plus je vivrai mieux avec. Mais il y aura toujours cette société avec ses exigences. Qui fera – je pense – me sentir mal à l’aise.

 

  1. Est-ce que pour toi cette orientation est définitive, ou fluctuante ?
  • Camille : C’est un sujet intéressant. Je ne sais pas pour être honnête. J’ai envie de dire oui car on grandit, on change mais d’un autre côté ce n’est pas quelque chose qu’on peut changer ou changer notre point de vue dessus.
    Je pense que ce qui peut changer dans cette orientation c’est si un/e asexuel/le veut avoir des relations mais je ne pense pas que l’orientation en elle-même peut changer. Donc en fait mon avis c’est non… je ne sais pas pourquoi j’étais là en mode « je ne sais pas, oui mais ».

 

  • Elaine V. Ker : Je ne sais pas. Je perçois mon asexualité comme définitive, et comme ayant toujours été là, mais si ça change… c’est comme ça, ça ne rendra pas mon asexualité présente moins vraie. J’ai l’impression que beaucoup de personnes essaient de chercher des causes (traumatisme, génétique…) mais même quand il y a une cause,  ça ne rend pas l’asexualité ou l’aromantisme d’une personne moins vraie.Ce qui compte à mes yeux, c’est le présent. Quelle importance si je n’ai pas été aro il y a 5 ans, si je ne le suis pas dans 10 ans ? Je ne pense pas que mon identité change parce que j’ai l’impression d’avoir toujours été aro ace. Si ça change, ce sera sûrement flippant, mais bon, j’apprendrai à vivre avec !

 

  • Malaurie : Pour moi, mon orientation sexuelle est définitive dans le sens où je sais qui je suis. Je suis asexuelle, et je l’ai toujours été, donc je ne vois pas pourquoi ça changerait du jour au lendemain. Je suis aussi agacée par les personnes qui pensent que l’asexualité n’est qu’une « phase », et que quand je rencontrerais la « bonne personne », je ne serais plus asexuelle. C’est stupide de dire ça : c’est comme dire à un homme homosexuel que quand il rencontrera la « bonne fille », il deviendra hétérosexuel. C’est une façon de dire que tout le monde est hétérosexuel par défaut, et que ceux qui se disent différents sont juste confus. C’est faux. A ce que je sache, on ne dit jamais à une personne hétérosexuelle que quand elle rencontrera « la bonne personne », elle sera différente.   Cependant, je ne veux pas non plus « m’enfermer » dans une catégorie. Ce que je veux dire, c’est qu’une personne peut découvrir de nouvelles choses sur elle, et peut donc changer de regard sur sa personne et/ou son orientation sexuelle. Il n’y a rien de mal à se questionner.

 

  • Maeva : Je pense que toute sexualité est fluide, qu’on la découvre et qu’elle peut changer tout au long de notre vie. Je ne suis donc pas opposée à l’idée de ne plus m’identifier de la même manière dans quelques années. Je pense tout de même que l’asexualité que je ressens depuis plus de 10 ans est une partie de moi, il est simplement possible que je m’identifie plutôt grey ou demisexuelle plus tard… Ou peut-être que le terme asexuelle me ressemblera toujours au mieux, qui sait ?

 

  • Anonyme 1 : J’aurais tendance a dire définitive, parce que je ne me vois pas du tout pratiquer le sexe avec qui que ce soit qui possède un pénis durant les 52 prochaines années…

 

  • Nym : Pour moi, quand il s’agit de mon orientation, elle est figée, j’ai toujours été aroace même avant que je sache que les mots existaient, et je le serai toujours.

 

  • Lau : L’asexualité est un spectre, un terme parapluie qui en abrite des dizaines d’autres. En ça, on ne peut pas vraiment parler d’une orientation fluctuante. Ce qui fluctue, ce sont les individus et leurs limites, qui se placent et se déplacent sur le spectre comme sur un échiquier, au fur et à mesure de leurs découvertes et selon leur sensibilité.
    On vit toutes et tous notre asexualité différemment mais là où l’on se rejoint toutes et tous, à des degrés variables (ce qui fait de l’asexualité un spectre), c’est dans l’absence d’attirance sexuelle pour autrui. On peut vous regarder et vous trouver belles et beaux, on peut avoir envie d’être proches de vous, physiquement et mentalement. Et on peut s’arrêter là. On peut ne pas penser « Je coucherais bien avec ellui », tout comme on peut se dire « si iel en a envie, pourquoi pas ? ». Nommez une combinaison, des possibilités, et il y a de fortes chances qu’il y ait dans ce monde une personne ace pour vous répondre « oui, c’est ce que ressens. »
    J’ai découvert une communauté libre, qui se construit et se déconstruit chaque jour, qui redoute et accueille la remise en question, qui explore et explique sans relâche l’importance du consentement et de la communication.
    J’ai découvert qu’il y a autant d’asexualités que de personnes asexuelles et c’est aussi beau et enrichissant qu’effrayant et vertigineux.

 

  1. Quelles sont les questions que tu ne supportes plus d’entendre quand tu dis être aro et/ou ace ?
  • Camille : oula beaucoup… les questions du genre « mais tu as testé ? » Qu’est-ce que ça peut te foutre ? (Désolée de la vulgarité), « ça existe ? » Bah oui sinon je ne serais pas là, « mais ce n’est parce que tu es coincée ? » « Peut être que tu n’as juste pas rencontrer le bon ? » « C’est contagieux ? » Et ta connerie c’est contagieux aussi ? (Désolée je me défoule).

 

  • Elaine V. Ker : Dans les questions que je n’aime pas, il y a les interrogations des personnes qui essaient de comprendre, et je ne sais jamais si c’est parce qu’elles se demandent si elles sont elles-mêmes aro ace (et dans ce cas, je ne veux pas les rembarrer) ou si c’est juste pour me remettre en question… des questions comme « mais pourquoi tu utilises « asexuelle, alors que le a privatif exclut toutes les personnes sur le spectre ? » ou « mais la romance, ce n’est pas du tout ce que disent les livres avec de la romance… bien sûr que tu ne ressens pas ça, ça ne veut pas dire que tu ne ressens pas d’attirance romantique ! C’est quoi, pour toi, la romance ? ».C’est très désagréable à gérer.

 

  • Agathe : Je n’ai jamais eu trop de questions dessus sauf une, une fois : « comment tu sais alors que t’as jamais essayé ? » … Comment dire… Comment sais-tu que tu es hétéro si tu n’as jamais couché avec une personne du même sexe ? Tu le sais, bah moi c’est pareil.

 

  • Nym : Ce qui m’énerve c’est les personnes de la communauté LGBTQ+ qui disent que être aro et/ou ace ne fait pas de nous des membres de la communauté LGBTQ+ (je ne vais pas expliquer pourquoi, on n’a pas à justifier notre appartenance), et aussi quand les gens disent que le ‘’A’’ dans LGBTQIA+ est pour « alliés » alors que non, c’est pour asexuel, aromantique et agenre.

 

  • Lau : La question la plus reloue c’est quand même celle de la masturbation, du fait que les gens confondent libido et attirance sexuelle. Donc OUI, tu peux être A et te masturber. Ça ne te rendra ni plus sourd ni moins A.
    Il y a aussi la notion de manque. « Mais ça te manque pas de… ? » et la réponse est toujours non, parce que l’absence ne crée pas obligatoirement de manque. C’est les gens qui le créent et vous l’imposent : « Ah mais moi à ta place, ça me manquerait trop de… ! ». Je ne ressens pas d’attirance sexuelle, ça ne me manque pas de ne pas en ressentir puisque je n’en ai jamais ressenti. Il n’y a donc jamais eu de manque.

 

  • Camille : C’est bien pour ça que j’évite d’en parler, héhéhé ! Dans mon cas, les questions qui me font « peur » sont plutôt toutes celles qui me forceraient à me justifier ou à légitimer mon expérience. « T’es sûre que t’as pas trouvé la bonne personne ? » « Mais comment tu peux en être sûre ? » « Comment tu peux savoir si t’as pas essayé ? » Ce genre de trucs. Ca finirait juste par moi, hurlant « MAIS LAISSE-MOI TRANQUILLE, MERDE !! »

 

  • Yuchan : Vous pouvez arrêter de demander aux ace s’ils se masturbent, c’est chelou comme question et ça vous regarde pas. Si une personne ace se pose la question, il y a beaucoup de ressource à sa disposition pour avoir la réponse sans être intrusif. Aussi le « tu n’es pas malheureux ? » et ce genre de question. Si on a pas de désir, on a pas de manque. C’est si dur à comprendre ?

 

  1. Quels sont les articles, ouvrages, sites ou vidéos qui t’ont aidé.e à y voir plus clair, à te comprendre ou à te rassurer concernant ton identité ?
  • Camille : Les livres surtout m’ont aidé à y voir plus clair et puis quelques vidéos sur YouTube mais je ne me souviens plus exactement les noms. Et sur Pinterest, j’avais écrit asexuality et aromantic et j’avais trouvé plein de schémas qui expliquaient et montraient clairement toutes les orientations dans le spectre etc. Enfin, tes articles à toi. Tu es la première personne que je suivais qui en a parlé, tes posts et tes articles m’ont énormément aidé car là je n’étais vraiment plus seule.

 

  • Elaine V. Ker : Je ne me souviens plus du tout des témoignages que j’ai lus… un* ami* m’a beaucoup aidée quand j’ai découvert mon asexualité, en me disant que c’était ok d’être en questionnement, et que je n’avais pas à trouver de réponse tout de suite (ma principale inquiétude étant « et si je me trompe ? Si je me définis comme ace alors que ce n’est pas vrai, je délégitime toute la communauté ace et ça fait de moi une personne horrible ! », ses paroles étaient donc très rassurantes).

 

  • Malaurie : Les vidéos Youtube sur l’asexualité, c’est vraiment ce que j’ai privilégié pour mieux comprendre l’asexualité. Pour commencer, le Youtube francophone propose de chouettes vidéos sur l’asexualité, comme l’émission « ça commence aujourd’hui » (disponible sur Youtube) ou encore la chaîne « parlons peu mais parlons ! » qui a réalisé une vidéo sur l’asexualité. Si l’on parle un peu anglais, il y a des tonnes de vidéos super bien faites.  Ma préférée, c’est « I spent a day with asexuals » de Anthony Padilla, qui laisse la parole à des personnes asexuelles, et elles sont traitées respectueusement. On a des points de vue très détaillés des concernés, et des questions très intéressantes. 

 

  • Maeva : Summer Bird Blue est le livre qui m’a beaucoup aidé quand je me cherchais (même si le personnage est aro, ça reste une très belle représentation ace). Après ça j’ai eu beaucoup de mal à trouver du contenu autour de l’asexualité, donc je me suis inscrite sur l’appli Aceapp, qui m’a permis de parler à énormément de personnes de la communauté venant du monde entier. Leurs histoires m’ont aidé à me comprendre un peu mieux. Je suis également quelques comptes bookstagram de personnes ace […].

 

 

 

  • Camille : Outre pas mal de thread twitter et quelques posts tumblr, c’est vraiment le site de l’Asexuality Archive qui m’a aidé ( https://www.asexualityarchive.com/ ). J’ai compris qu’il n’y avait rien de « cassé » chez moi, que j’étais très bien comme je suis et que j’étais loin d’être seule.

 

  1. Qu’aimerais-tu dire à une personne qui pense être aro et/ou ace mais n’est pas si sûre ?
  • Camille : J’ai déjà eu ce cas. J’ai dit à la personne que l’asexualité (notamment) c’est un spectre très vaste, je lui ai envoyé des schémas pris sur Pinterest, etc. Mais ce que j’ai vraiment envie de dire c’est : ce n’est pas une course, si vous ne le savez pas maintenant ce n’est pas grave. Déjà vous connaissez les noms et leurs définitions. Ça m’a pris presque un an à vraiment accepter et comprendre que non ce n’était pas de la gêne ou de la timidité. Ce n’est pas une course contre la montre. Et non ce n’est pas une maladie et non ce n’est pas anormal. On vit dans une société qui met une vraie pression sur le sexe et les couples. Mais ça ne fait pas de nous des anomalies.
    On est valide. Et surtout, nous ne sommes pas seul(e)s.

 

  • Elaine V. Ker : Personnellement, je n’ai pas du tout apprécié d’être en questionnement, donc je pense que je dirais que ce n’est pas grave de ne pas être sûr·e de soi. D’ailleurs, le fait de ne pas savoir si on est attiré·e ou non (romantiquement et sexuellement) fait partie du spectre aro ace ! C’est bien de se poser des questions : on apprend à se découvrir et après on en sait plus sur nous-mêmes. On sait ce qu’on souhaite ou non, c’est toujours utile. Mais ça peut être déstabilisant : personnellement, au bout d’un certain temps, je n’en pouvais plus de me poser des questions et j’ai décidé que parce que je ne savais pas, j’étais aro ou sur le spectre aro. Ça m’a permis d’y réfléchir plus calmement…C’est à vous de décider comment vous vous définissez, selon ce qui est confortable pour vous ou non. Personne n’est dans votre peau et ne peut décider à votre place. Et bien sûr, vous avez le droit de changer la façon dont vous vous définissez !

 

  • Malaurie : Il y a beaucoup de choses à dire, mais le plus important pour moi, c’est de dire ceci : aie confiance en ce que tu ressens. Si jamais tu te penses asexuel mais que ton entourage te contredit, n’oublie pas que tu te connais mieux qu’ils ne te connaissent. Ensuite, si tu te penses asexuel mais que tu n’es pas sûr, ne te prend pas la tête. Se questionner sur son orientation sexuelle, c’est une épreuve qui peut déstabiliser, et c’est donc logique d’être perdu et de ne pas être sûr à 200 % tout de suite. Personnellement, il m’a fallu quelques semaines pour pleinement comprendre que j’étais asexuelle. Ça peut prendre moins de temps pour certains, ou plus de temps pour d’autres. Je te conseille de ne pas rester sur la définition basique du terme « asexuel », et d’aller lire des témoignages de personnes asexuelles. Tu verras si tes expériences concordent avec la leur !
    Pour finir, tu n’as pas besoin de chercher 1000 « preuves » pour te définir asexuel ou du moins de te sentir appartenir au spectre asexuel. Si le terme te convient, te semble correspondre à ton expérience et te fait du bien, alors utilise le. Ces termes, tu les utilises pour toi, et toi seul.

 

  • Olivier : D’abord, elle est la seule personne à pouvoir dire si elle est ace/aro ou non. Personne d’autre n’a le droit de le dire à sa place. Ensuite, c’est normal de ne pas être sûr.e. La société hétéronormée et le manque de visibilité de l’asexualité et encore plus de l’aromantisme fait qu’on peut mettre du temps à s’identifier comme tel.le et, qu’on intériorise tout un tas de comportements et de pensées qui peuvent nous faire douter sur ce qu’on est (savoir faire la différence entre ce qu’on est et ce qui vient de la société est parfois complexe).

 

  • Agathe : Je lui dirai que tant qu’il/elle trouve que ces mots la représentent, il/elle a parfaitement le droit de les utiliser, et c’est ok si il/elle se rend compte plus tard que ces mots ne lui correspondent plus. Je voulais juste mettre en aparté que, depuis que je suis au collège et que je vois mes amis tomber amoureux, se mettre en couple etc, j’ai pendant un moment voulu que ça m’arrive à moi aussi, mais juste pour comprendre ce que ça faisait car c’était quelque chose de très mystérieux pour moi. A quel point les sentiments qu’on éprouve pour quelqu’un dont on est amoureux sont différents de ceux qu’on éprouve envers un ami, un parent, etc ? C’est toujours une question sans réponse pour moi, je crois que ça restera un mystère.

 

  • Aislinn : Ne pas être sûr-e n’est pas une honte. Se chercher, essayer de se comprendre, c’est compliqué et le chemin est toujours tortueux. Le seul vrai conseil que je peux donner, pour avoir la certitude de ce qu’on est ou de ce qu’on est pas, c’est d’écouter le parcours de vie des autres, la façon dont ils se sentent, comment ils s’identifient, et voir s’il y a des points communs, des faisceaux d’indices qu’on peut s’appliquer.

Et on termine cet article avec le témoignage de Laetita :

« Voilà du coup ma contribution en tant que meuf demi-ace (note de Tatiana : personne ayant besoin d’un fort lien affectif avec une personne pour ressentir une attirance sexuelle envers elle) pour ton article.

Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais été quelqu’un de très tactile. Les contacts physiques avec les gens, très peu pour moi. A la rigueur la fameuse bise ou poignée de main polie mais rien de plus. J’ai souvent pensé que j’étais un peu bizarre de ne pas apprécier les marques physiques d’affection. Mais après tout, puisque je m’étais souvent sentie en décalage, je me disais que j’étais juste « bizarre », « anormale » mais rien de plus. Pas que je le vive vraiment bien, surtout quand je voyais les gens autours de moi, à l’adolescence, se mettre en couple, s’embrasser en public, etc. Ces démonstrations d’affections me mettaient mal à l’aise.

Puis vers 15/16 ans, j’ai rencontré sur un forum de RP un garçon avec qui je me suis tout de suite bien entendue. On est très vite passé d’une relation de partenaire de RP à une forme d’amitié ambiguë entre flirt, découverte des sentiments et taquinerie. On habitait pas dans la même ville mais quelques mois à peine après notre rencontre en ligne on a trouvé le moyen de se voir pour la première fois. Je m’étais depuis quelques semaines rendue compte que j’étais tombée amoureuse de ce garçon que j’avais juste vu dans des appels vidéos sur MSN (oui la vieille époque… !). Lorsqu’on s’est vus, aussitôt j’ai compris que lui je n’avais pas peur qu’il me touche. Que ce soit une bise, qu’il m’enlace, un baiser et plus encore. Après ce jour, je n’ai jamais revu ce garçon, mais je pense que jamais je n’oublierai ce jour où enfin je me suis sentie normale.
Le temps à passé, j’ai eu d’autres relations mais une fois sur deux, au moins, je sortais avec cette personne parce que ça « faisait bien » d’être avec quelqu’un au lycée. Si bien que je n’arrivais pas à accepter que cette personne me tienne la main ou m’embrasse. Je n’étais pas amoureuse, je n’avais pas de lien fort, j’étais incapable d’accepter qu’on me touche. Plus d’une fois, je me suis forcée pour plaire à ces personnes, me sentant toujours comme salie après. J’étais mal avec moi-même. Sans vraiment comprendre ce qui clochait avec moi et pourquoi j’étais comme ça. Je savais que j’avais une libido, que j’étais capable de ressentir du désir sexuel, pour autant j’étais incapable de me sentir à l’aise dans une relation la majorité du temps. Sans vraiment savoir pourquoi. Quand j’en parlais on me disait juste que j’avais besoin de temps ou que je n’étais pas le genre qui « couche le premier soir ». Sauf que… coucher avec une personne la première fois que je la voyais, je l’avais déjà fais, à condition que j’ai, avant de la voir, créé un lien fort.
Il y a environ 1 an et demi, une amie m’a fait son coming-out en tant qu’asexuelle et au cours de nos discussions j’ai découvert grâce à elle le terme demi-sexuelle. Sans trop savoir, j’ai tout de suite su que ce terme me parlait. Quelques recherches plus tard j’ai compris que ça me correspondait : en effet j’étais incapable d’avoir des relations sexuelle ou même des contacts physiques avec qui que ce soit sans avoir un lien d’affection fort avec quelqu’un. En soit, cela ne change rien à mon quotidien, dans mon rapport aux autres, j’ai juste enfin un mot pour expliquer ce que je suis et pouvoir l’expliquer aux gens. « 

 

ET VOUALA. C’était très très long, félicitations à toi si tu es arrivé(e) jusqu’au bout ! J’espère que cet article a pu t’éclairer sur l’asexualité et l’aromantisme, je n’ai pas pu mettre tous les témoignages en intégralité mais beaucoup de choses super intéressantes sont ressorties ici et là. Cet article est sorti avec beaucoup de retard mais ça m’a permis d’approfondir certains trucs donc ce n’est pas plus mal.
Encore merci à toutes les personnes ayant accepté de témoigner, de façon anonyme ou non, tu as apporté ta pierre à ce gros édifice.

9 réflexions sur “Blabla – Aromantisme et asexualité : la parole aux concerné(e)s

  1. Très intéressant cet article !
    Merci à toi et à celleux qui ont témoigné !
    J’espère que ça pourra en aider certain.e.s🙈

    Y a juste un truc qui m’a énormément stressé, pourquoi la police d’écriture change pour les C cédilles ?😭

    @jadelovesreading

    Aimé par 2 personnes

  2. Très bel article, c’est si beau et important que de mettre en lumière ces témoignages !
    Si je connaissais le terme général sous le « A », j’ai découvert qu’il y avait encore d’autres subtilités, à savoir demiace par exemple, qui résonne soudain en moi… et bien que j’aie le temps, ça m’ouvre des chemins dans lesquels je pourrais me retrouver et trouver ma place…
    Merci pour cet article 🖤

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  3. Bonjour, je suis tombée sur ton article en faisant des recherches parce que je suis récemment en train de me remettre en question à propos de mon orientation romantique et sexuelle. Et comme le « Mois des Fiertés » a commencé, je me permet de te laisser un (très, très, TRÈS) long commentaire. Je m’excuse d’avance.

    Je pense être sur le spectre aro/ace mais je n’en suis pas sûre. Je me suis reconnue par-ci par-là dans les différents témoignages que tu as recueillie.

    Notamment concernant toutes cette pression/attente sociale et les questions de mon entourage « alors quand est-ce tu as un chéri ? », « t’as toujours pas de copain ? », « t’es lesbienne ? », « tu vas finir vieille fille », « t’as 26 ans, faudrait p’t’être que tu te trouves quelqu’un », « c’est parce que t’as pas encore trouvé la bonne personne », « c’est parce que tu n’y a pas encore goûté mais je t’assure, c’est génial », etc.
    Lorsqu’on me dit ce genre de choses, je ressens de l’irritation et une forte envie de les contredire, dans ma tête je me dit « nan, j’ai pas envie de faire ça moi ! ». Ça m’agace qu’ils veulent décider à ma place.

    Est-ce parce que c’est la simple peur de l’inconnu et la peur de se lancer ?
    Est-ce parce que l’idée de montrer du PDA me met mal-à-l’aise par rapport au regard des autres ?
    Est-ce parce que je n’ai pas beaucoup confiance en moi ?
    Est-ce parce que, pendant toute ma scolarité, les autres m’ont rejetés et jugés à cause de ma différence ?

    Pour cette dernière question, je vais entrer un petit peu dans ma vie personnelle pour une explication, c’est important pour comprendre mon cheminement d’agissement et de pensées ; ma différence vient du fait que j’ai eu une « trachéotomie » à la naissance donc depuis toute petite, j’ai la voix « cassée », rauque, comme lorsqu’on est malade, mais avec une cicatrice et un léger creux dans le cou. A cause de ça, on m’a toujours vu comme quelqu’un de bizarre, de pas normal, et de fragile à cause des soucis de santé qui en ont découlé. Les petites filles ne voulaient pas jouer ou être amie avec moi, et les moqueries en imitant ma voix ne manquaient pas (les petits garçons aussi le faisait d’ailleurs mais moins j’ai l’impression).

    Heureusement, mon frère jumeau a toujours été dans ma classe jusqu’à la fin du collège donc je n’étais pas totalement toute seule. Mais inévitablement, comme il traînait avec des garçons et que je le suivait un peu partout, j’ai fini par être amie avec les copains qu’il se faisait.

    [Donc tout ce qui était « discussion de filles » concernant la mode, les cosmétiques, les potins, etc., je n’ai jamais connue. Et quand fut le moment d’essayer de suivre ce genre de conversations au lycée (qui était majoritairement composé de filles et où j’étais complétement livrée à moi-même), bah j’étais forcément larguée !
    J’étais encore garçon manqué au lycée durant toute ma première année, donc les autres filles ne me parlaient pas beaucoup et moi, hé bien je restais dans mon coin, je n’osais pas à aller vers elles. Dans un sens, je dirais que c’est peut-être un mal pour un bien mais ça reste toujours blessant d’être aliéner alors que ce n’était pas de ma faute si j’étais comme j’étais (lors du commencement de ma deuxième année, j’ai fais des efforts en me coupant les cheveux parce que je ne supportais plus les remarques sur mes cheveux longs constamment attachés qui n’avaient aucune forme, en mettant des vêtements plus coloré au lieu de mes vêtements noirs, en essayant le maquillage..), ça reste toujours blessant d’être la dernière qu’on choisit par dépit pour les travaux de groupe, ça reste toujours blessant d’être celle à qui on ne lance jamais la balle lors des sports en équipe.]

    Quand j’étais au collège, un des garçons était apparemment amoureux de moi (je crois qu’on était en 5ème à l’époque). Et pour moi, qui avait été rejetée depuis la maternelle et dont certains camarades de classe continuaient de se moquer (voix, vêtements, apparence, notes avec tout juste la moyenne donc jugée nulle par les autres), c’était inconcevable qu’on puisse tomber amoureux de moi. Self-low esteem – qui s’accouplera par la suite d’une anxiété sociale – bonjour!.
    Moi, j’étais déjà contente d’avoir des amis, la romance n’était pas du tout ma priorité et je ne ressens rien pour lui que de l’amitié. Les autres copains du groupe n’aidaient pas du tout l’autre garçon puisqu’ils n’arrêtaient pas de le taquiner et de le pousser à se confesser, chose qu’il refusait toujours de faire. L’année s’est écoulée sans que rien ne se passe, puis l’année suivante, nous étions dans des classe différentes donc nous nous sommes peu à peu perdus de vue.

    Bref, dernière année de collège (3ème), je ne m’intéressait toujours pas vraiment aux garçons comme les autres filles le faisaient, même si l’idée me traversait l’esprit de temps en temps. Était-ce parce que je voulais être « normale » et « faire comme tout le monde » ? C’est comme ça que j’ai essayé de m’intéresser à un garçon qui traînait avec nous de temps en temps dans la cour. Il était gentil et je le trouvais mignon (j’aimais bien ses cheveux bouclés mais c’est un détail lol), et quand j’en ai fait part à un de mes amis du groupe en aparté, il s’est foutu de moi à gorge déployée. Ça m’a direct refroidie. J’avais honte et je n’osais plus du tout en parler –en plus d’avoir cette petite peur constante que l’ami vende la mèche dès qu’on était avec ce garçon.

    Autant dire que mon intérêt pour sortir avec les garçons a rapidement été étouffée et de ce fait, je ne me suis pas intéressé aux relations romantiques pendant un moment. J’ai bien essayé de flirter à une ou deux reprises (par exemple, lorsque j’utilisais MSN, la vieille époque) mais je ressentais toujours de la honte après l’avoir fait. Un jour, un garçon random avec qui je discutais m’avait demandé s’il me plaisait avec des smileys cœur. On se parlait depuis peu, ce n’était que des échanges lambdas mais la question soudaine m’avait fait peur. Mon frère espionnait ma conversation par-dessus mon épaule à ce moment-là et il m’avait taquiné.
    Je ne sais même plus ce qu’il m’avait dit exactement, je ne sais même plus si j’avais répondue oui ou non au garçon, mes souvenirs sont flous, mais ce qui est sûr, c’est que je me suis encore renfermée.

    Par la suite et au fil des années, deux hommes se sont intéressés à moi ;

    – A l’époque du lycée, lorsque j’étais en première année, je discutais avec un garçon sur un forum, après avoir discuter plusieurs fois, sympathisé, etc, nous avions accepter de sortir ensemble malgré la distance et d’échanger nos numéros de téléphone. Mais il est rapidement devenu très insistant ; du genre, dès que je ne répondais pas 2 minutes parce que j’étais occupé, je me retrouvais avec plein d’autres messages en revenant voir mon téléphone. Qu’est que ça a pu me soûler ! Impossible d’être tranquille. Il était d’humeur assez dépressif pour un adolescent et il avait besoin d’attention, donc c’était sans doute ça. Nous avions pu nous rencontrer irl, il était gentil et essayait d’être affectueux (bras autour des épaules, bisou sur la joue) mais je n’étais pas à l’aise avec ces touchers. J’ai continué à lui parler par texto après cette rencontre (mais moins qu’avant) et au final, après plusieurs semaines, je l’ai appelé au téléphone et j’ai fini par lui dire que c’était mieux de s’arrêter là.

    – Et l’autre, quand j’avais 22-23 ans. Je le voyais uniquement comme un pote mais il n’avait pas compris que je n’étais pas intéressé par plus que de l’amitié. Il était beaucoup plus âgé que moi, il voulait souvent qu’on se voit ou se téléphone, il me faisait des compliments que je n’arrivais pas à accepter (en général, quand certaines personnes me font des compliments ou quand on m’appelle « ma belle », j’ai toujours l’impression qu’on se fout de ma gueule, comme s’ils n’étaient pas sincères), il voulait savoir quelles étaient mes fleurs préférées pour m’en offrir, il voulait se rapprocher physiquement de moi (la seule fois où il a essayé, il était assis sur le bras du canapé, moi au milieu et quand il est descendu pour se mettre à côté de moi, je me suis instinctivement décalé), et moi je ne voulais absolument pas ! J’étais super mal-à-l’aise ! Mais je n’osais pas lui dire franchement que je n’étais pas intéressée, quand bien même il insistait pour savoir pourquoi je n’osais pas répondre à des questions simples ; j’ai toujours peur de blesser ou vexer les autres donc j’ai choisi la facilité de ne rien dire. Je sais que j’aurais du être plus honnête et moins lâche mais les choses sont faites. Suite au fait qu’il voyait que je n’étais pas réceptive à ses tentatives, il a dit qu’il avait conclut que j’étais une fille coincée. J’ai fini par couper les ponts et le bloquer. Meilleure décision de ma vie.

    Et une fois encore, l’idée d’une relation romantique avec quelqu’un m’effrayait (et perdait de son intérêt par la même occasion).
    J’veux dire, je galère déjà à prendre soin de moi et à m’aimer/m’accepter ; comment les gens veulent que j’accorde du temps de l’attention à quelqu’un en plus de moi-même ?

    Vers 24 ans, j’étais chez une copine qui s’était inscrite sur une appli de rencontre et qui cherchait à se recaser après avoir subi une récente rupture. Le sites et appli de rencontre ne m’attiraient pas du tout (et ne m’attirent toujours pas), déjà parce qu’à cause de mes déboires avec les rencontres sur internet, je ne voulais pas investir du temps et de l’énergie inutilement, et parce qu’à cause de mon anxiété sociale, je ne voulais pas parler à de nouvelles personnes ni faire de nouvelles rencontres, encore moins dans le but de se mettre en couple ! (en parallèle, je voyais aussi que mon frère cumuler les tentatives ratées à cause de ce genre d’applications de rencontre, donc ça me confortait dans mon idée.)
    Bref, je ne me souviens plus de la conversation exacte mais il me semble que cette copine m’avait encore fait une réflexion sur le fait que je devrais trouver aussi un gars, et quand elle a vu que je n’étais pas trop enthousiaste, elle m’a demandé « Et tu ne voudrais pas sortir avec des filles ? ».
    J’y ai réfléchi un instant et je lui ai répondu en haussant les épaules « pourquoi pas ? ça ne me dérangerait pas. ». Mais par la suite, je n’ai pas essayé de m’intéresser aux filles dans un but romantique ou sexuel. Pour moi, c’était une simple possibilité à laquelle j’ouvrais mon esprit.

    En parlant de relation romantique, je fais la transition vers un sujet quelque peu lié puisque j’ai aussi lue ton article « aromantisme, asexualité et moi », où on t’avais posé la question de savoir si tu as déjà eu des crushs sur des acteurs ou des personnages de fictions, ou comment se passait tes lectures de romances.

    Dans mon cas, j’ai des petits coups de cœur pour certains acteurs et actrices parce qu’ils sont beaux/belles et j’apprécie toujours les voir à l’écran, mais ça s’arrête là. J’arrive à trouver un homme beau ou une femme belle lorsqu’ils se démarquent de la foule mais en terme général, je suis assez indifférente ; je n’ai pas vraiment d’avis lorsqu’on me montre un homme/une femme en photo ou dans la rue, et qu’on me dit « regarde, il/elle est canon ! », ou « comment tu le/la trouve, lui/elle ? », et je suis là, à observer la personne, à chercher quelque chose d’attirant chez elle parce que mon cerveau bugue, et je finis par un septique « mmh, mouais », ou un haussement d’épaules avec zéro réponse.

    Un ami et collègue de travail (qui est bi mais avec une balance qui penche + vers les hommes) m’a récemment suggéré que je préférais peut-être + les femmes que les hommes, je lui a répondu « oui, peut-être » (parce que plus le temps passe et plus je me rends compte que les hommes m’attirent de moins en moins), et donc, pendant quelques jours, j’ai essayé de me focaliser sur les femmes que je croisais au travail ou celles que je voyais dans la rue. Mais quelque chose au fond de moi me dérangeait lorsque j’essayais d’y voir un quelconque intérêt romantique ou sexuel. J’avais la sensation que quelque chose ne collait pas. Et je me suis dit « mmh, non. Je ne suis peut-être pas lesbienne en fait ? ».
    D’ailleurs, cet ami veut absolument que j’admette que j’ai un truc pour une collègue de travail alors que pour moi, il n’y a rien ; on s’entend bien, elle a objectivement des jolis yeux, mais c’est tout. Et je n’arrive pas à lui faire démordre de cette idée que je pourrais avoir une attirance pour elle, il fait parfois des remarques désinvoltes sur cette collègue pour voir si je réagis mais comme je ne répond presque pas, il finit par lâcher l’affaire (pendant un moment seulement) et on parle d’autre chose.

    Je lui ai dit que c’était aussi possible pour des personnes qu’elles ne soient pas attirés par les autres. Il m’a dit « ah, tu penses que tu serais asexuelle ? ».
    J’ai haussé les épaules et lui répondant « je ne sais pas ». (je ne m’étais pas tellement penchée sur le sujet, je n’avais qu’une vague définition. c’est pour ça que je me suis retrouvé deux jours plus tard à faire des recherches pendant toute une nuit d’insomnie).
    Il a réfléchi et après il m’a dit « Nan. Tu sais, c’est naturel et humain d’avoir des besoins/relations sexuelles. Faut pas avoir honte. »
    Je pense qu’il essayait sincèrement d’être rassurant pour que je sois plus ouverte de ce côté là mais ça m’a légèrement dérangé qu’il dise cela comme si je devais au moins attendre d’avoir essayer une relation sexuelle et romantique (parce que je n’en ai jamais véritablement eu une, donc pour lui, je n’ai pas encore découvert et su ce que c’était) avant d’y songer plus en profondeur. Il m’a aussi dit que je méritais le bonheur, que je méritais d’avoir quelqu’un dans ma vie, et il a peut-être raison, mais c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à y croire ou à me projeter dans une vie de couple.

    J’ai également été sur la page explicative du spectre et aromantisme sur « blog.grsmontréal » par rapport au fait que c’était normal d’avoir de la libido ou de ressentir de l’excitation même si nous sommes asexuel.

    Concernant les personnages de fictions, j’aime lire des histoires romantiques ; que ce soit romans ou fanfictions, hétéro ou LBGT+, moelleux ou érotiques (mais à petite dose pour l’érotisme, par exemple quand il y a 2-3 chapitres de suite où les personnages font constamment l’amour, je finis par me désintéresser rapidement).
    Quand la romance est bien écrite, que le développement prend du temps, et que les personnages grandissent (ensemble et/ou individuellement) au fur et à mesure que l’histoire avance, c’est un pur bonheur à suivre.
    Voir les personnages partager des moments douceurs, se donner des petits touches ou des caresses affectueuses, les voir avoir leur fin heureuse et être en couple –après des chapitres de « angst », de « yearning » ou de « pining »–, me fait fondre et me réchauffe le cœur.

    Le monde de l’imaginaire est vaste et enrichissant, j’arrive à ressentir les choses plus fortes à l’écrit que dans les séries ou les films. Enfin, disons que pour ce qui est des séries et des films, ça ne me dérange pas, j’arrive facilement à avoir de l’empathie et être touché, c’est juste légèrement atténué quand ce sont de vrais acteurs. J’aime bien les relations (familiales, amicales ou romantiques) mais en ce qui concerne la romance DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS ? Ça me met mal-à-l’aise. Voir des couples se bécoter en pleine rue ? Ew. Croiser des couples lorsqu’ils se tiennent la main ? Je détourne souvent le regard.

    Peut-être est-ce parce que j’ai l’impression de les épier dans leur intimité et que je n’aimerais pas qu’on me regarde ou me juge si j’étais à leur place ?

    Je ressens parfois la sensation d’être à côté de la plaque.

    Est-ce que je suis bizarre de pouvoir être autant heureuse, de ressentir cette bouffée de bonheur pour des personnages de fictions qui ont et vivent une romance, d’être parfois stimulée lors de certaines scènes écrites érotiques, mais de ne pas vraiment vouloir une romance moi-même ou de relation sexuelle ? (d’ailleurs concernant les vidéos pornographiques par exemple, j’en ai déjà regardé mais ça ne m’attire pas plus que ça.)

    En lisant dans ton article, tu parlais du fait de ressentir un fardeau sur tes épaules à l’idée de sortir avec quelqu’un. C’est exactement ce que je ressens. Je ne sais pas si c’est grave ou choquant de dire ça, mais j’imagine cette sensation comme si je devais avoir un boulet enchaîner à mon pied plus qu’autre chose. J’aime le fait d’être libre, d’aller où je veux, quand je le veux, de faire ce dont j’ai envie, et de ne pas avoir de compte à rendre.

    Il y a de bref moments où quand j’essaie de m’imaginer avec quelqu’un, je me dis que « cela peut être tout de même chouette » (de pouvoir vivre ces moments de douceurs que j’affectionne tant en lisant des fictions) mais en me projetant réellement, je sens que je vais finir par me lasser au bout de plusieurs jours ou plusieurs semaines, et je vais vouloir tout stopper, retourner dans ma zone de confort. Lorsque je me projette dans ma vie future, la chose qui me fait le plus envie, c’est cette image : être dans un appartement au dernier étage d’un immeuble qui possède un balcon ou un accès au toit, avoir vue sur l’horizon ou la ville, et de me poser tranquillement avec ma tasse de chocolat chaud, tôt dans la fraîcheur du matin ou tard le soir, accompagnée d’une musique motivante, douce, ou relaxante.

    Cela fait des années que je suis convaincue qu’on peut très bien être épanouie dans sa vie personnelle ou professionnelle sans forcément être obligatoirement avec quelqu’un, être marié, avoir des gosses, une maison, un chien– bref, la vie typique à laquelle la société nous bassine avec ce concept de réussite de vie. Comme si, si on ne suivait pas ce schéma, nous allions rater notre vie : totalement débile.

    Lorsque j’entends que les relations de mon entourage ne se passent pas toujours bien (il a toujours des hauts et de bas dans un couple, c’est même normal), ou que je lis des témoignages sur la vie de couple (je suis le compte instagram « taspensera » qui traite de la charge mentale que subisse les gens dans leur relation de couple (avec ou sans enfants), ça me donne encore moins envie d’être en couple !

    Et comme toi, je ne veux pas d’enfants. C’est beaucoup trop de responsabilités et d’énergie. J’ai mes neveux, ça me suffit amplement.

    Je ne sais plus si c’est dans les commentaires ou dans un autre article mais j’ai reconnue le manga « Éclat d’âme » qui a été cité ! Un petit bijou en 4 tomes que j’ai en ma possession et que j’ai énormément apprécié !

    En autre série (cartoon, cette fois), pour laquelle j’ai eu un surprenant et agréable coup de cœur, c’est « She-ra et les princesses au pouvoir », que j’ai regardé en quelques jours l’année dernière ! Un dessin animé très coloré, avec des thématiques abordés intéressantes avec beaucoup de représentation LGBT+ dont le couple principal est lesbien.

    J’ai également plusieurs séries LBGT+ qui sont depuis un moment dans ma watchlist (« Féminin/Féminin », « Her story », « Transparent », « la théorie du Y ») sur lesquelles je pense probablement me pencher durant cet été 🙂

    Oh, et j’ai également été zieuté « Asexuality Archive » (qu’une des témoins avait conseillé) ; il y a énormément d’articles donc pour l’heure, je n’en ai lu que quelques uns – et dans lesquels je me reconnais et qui sont intéressants, je continuerai doucement dans les jours à venir.

    J’ai aussi jeté un coup d’œil à ton article sur les romans aro/ace ; « Nous qui n’existons pas » de Mélanie FAZI me tente plutôt bien, je voulais télécharger la version PDF pour découvrir cet ouvrage mais plus le temps passe et plus je suis tenté par le format physique !

    Peut-être que tout ça va m’aider à y voir plus clair sur le fait que je suis (peut-être) dans le spectre aro-ace ?
    Ou est-ce qu’au contraire, mon parcours et mon état d’esprit signifient juste que c’est purement un choix de rester célibataire et/ou d’être l’abstinente dans le cas des relations sexuelles ? (oui j’ai continué de lire asexuality archive donc je viens de rajouter cette dernière interrogation).

    Je ne sais pas.

    Mais je pense que je vais m’arrête là. C’est suffisamment long.

    Merci en tout cas d’avoir pris le temps de lire ce long monologue confus sur ma vie catastrophique, c’est la première fois que je dis tout ça à quelqu’un et je dois admettre que c’est assez libérateur, j’ai l’impression d’avoir l’esprit moins embrumé après avoir couché mes pensées sur papier et les avoir partagé.

    Cela étant dit, je suis contente d’avoir découvert ton blog qui est très enrichissant. Merci à toi ! 🙂

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    1. Laura,
      Cela fait bientôt 2 ans que tu as livré ton témoignage mais je suis tombée dessus qu’aujourd’hui.
      A une différence près – le manque de confiance en toi après avoir été mise à l’écart par tes camarades de classe et une difficulté à repousser les ouvertures – mon parcours est extrêmement similaire au tiens. J’ai aussi eu les mêmes questionnements : n’est-ce pas juste parce que j’ai peur ? de l’intimité ? de m’engager dans une relation ? de livrer une partie trop intime de moi-même à quelqu’un ? Est-ce qu’au final c’est pas que je préfère les filles ? eh bien non, Ah peut-être que je suis bisexuelle puisque cela ne fait pas de différences pour moi fille ou garçon. La raison est qu’il n’y a pas de différences parce que je n’ai envie d’embrasser ni les garçons, ni les filles, ni les non-binaires… Pourtant, j’ai eu quelques occasions avec deux/trois béguins dans ma vie, je n’ai jamais franchis le pas tout simplement parce que même si l’idée d’une relation romantique me plaisait en théorie, la vérité est que je n’avais pas du tout envie de les embrasser ou de les toucher même avec ce beguin.
      Je suis également une grande fan de fanfictions, et d’histoires romantiques, celles-ci même plutôt sexy (que je trouve physiquement stimulante), en revanche comme toi, si cela sort de l’imaginaire et devient réel, cela me met très mal à l’aise. Pas seulement en me plaçant dans ses situations mais même en observant des gens s’embrasser dans la rue… J’ai pas trop de problèmes si c’est des acteurs de série puisque c’est de la fiction et donc détaché de la réalité (en revanche je trouve pas ça stimulant non plus).
      J’ai aujourd’hui 29 ans et je me revendique pleinement comme asexuelle avec probablement une tendance sur le spectre aromantique, je ne sais pas trop où j’en suis sur ce dernier point. Je me suis acceptée en tant que telle à l’âge de 24/25 ans (suite à des événements relationnels assez dramatiques où j’ai compris que non les gens ne faisaient pas semblant et qu’ils ressentaient vraiment une attirance sexuelle pour d’autres personnes que moi j’étais incapable d’éprouver) . Ce fut une épreuve assez rude car j’ai longtemps été dans le déni. Accepter mon asexualité (et peut-être mon aromantisme), c’était faire le deuil de l’idée de la romance telle que je la lisais dans les fanfics et autres oeuvres de fiction, c’était accepter que je n’allais jamais ressentir ce genre d’émotions et de pulsions, c’était accepter une certaine solitude, c’était effrayant de se dire que j’allais probablement passer ma vie seule car la plupart des gens se mettent en couple et que ce ne sera pas mon cas. Mais une fois, cette étape passée, ce fut libérateur : plus de questionnement, plus de moments passés à se décortiquer l’esprit et à se demander qu’est-ce qui ne va pas chez moi. Depuis que j’ai acceptée mon asexualité, je suis beaucoup plus apaisée. Et je n’hésite pas à le dire aux gens, histoire qu’il arrête de me saouler avec leurs commentaires : « c’est quand que tu nous ramènes quelqu’un ? », « tu es sûre que t’es pas lesbienne ? », « tu n’as pas trouvé le bon » et le pire d’entre tous : »on peut pas savoir sans avoir testé ».
      Voilà même si ça fait 2 ans depuis ton message, j’espère que mon témoignage pourra quand même t’apporter quelque chose.

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